Hebdomadaire de guerre illustré, La Baïonnette paraît de janvier 1915 à avril 1920 sous la direction d’Henri Maigrot (dit Henriot). Regroupant principalement des contributions dessinées, la revue publie l’essentiel des illustrateurs français actifs pendant la Première Guerre mondiale : Hermann-Paul, Francisque Poulbot, Adolphe Willette, Paul Iribe ou encore Benjamin Rabier. Sa ligne éditoriale se caractérise par un patriotisme revanchard et germanophobe et elle prend régulièrement pour cible les représentants politiques et militaires allemands tels que l’Empereur Guillaume II et le Kronprinz Wilhelm von Hohenzollern, tenus pour responsables du conflit. La Baïonnette fait partie de ces revues qui ont positionné la guerre sur le terrain culturel en alimentant le mythe de la barbarie allemande. Dans ce numéro spécial consacré au camouflage, dont l’éditorial est confié au journaliste Robert Dieudonné, c’est l’activité des artistes et décorateurs employés dans la section de camouflage qui est mise à l’honneur. Y est également publié « La chanson des camoufleurs », qui souligne le courage des poilus œuvrant sous les tirs ennemis.
La couverture du numéro, confiée à Jacques Nam, contributeur régulier de la revue, figure parmi les plus intéressantes. En représentant les traits simplifiés d’un soldat camouflé, elle procède, par le débordement des lignes colorées, au camouflage de la couverture elle-même.