Fumées

Guillaume Apollinaire, « Fumées », in Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916), Paris, Mercure de France, 1918, collection Bibliothèque nationale de France, Paris

Si l’apparition des Calligrammes est à mettre en relation avec les recherches typographiques de Stéphane Mallarmé, l’émulation provoquée par les Mots en liberté futuristes ou le collage cubiste, elle n’est pas étrangère à l’expérience perceptive de la Première Guerre mondiale. Travaillant à ses célèbres poèmes depuis les postes avancés de l’artillerie en Champagne ou sur le Chemin des Dames, Guillaume Apollinaire avait en effet pu décrire en des termes esthétiques le spectacle produit par les projections de fusées éclairantes durant les attaques nocturnes. La composition de ses calligrammes est à rapprocher de ce sentiment de fragmentation visuelle qui donnait une résonance singulière aux recherches de l’avant-garde artistique et littéraire.
Le poème « Fumées » rapproche le lecteur de cette expérience en évoquant un geste ordinaire de la vie des tranchées dont la réalité visuelle prend corps dans la composition de la page.

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