Destinés à l’usage militaire, les « mouchoirs d’instruction » sont des carrés de tissu imprimé remplissant des fonctions pédagogique ou de propagande. Ils trouvent leur origine en France, où le commandant Pierre Perrinon breveta l’idée le 23 octobre 1874, et connurent un large usage pendant la Première Guerre mondiale.
Cet exemplaire allemand, non signé, est dominé par le portrait central de Guillaume II, associé à l’inscription patriotique : « Wir wollen und müssen siegen ! » (« Nous voulons et devons vaincre ! »), et à un ensemble de motifs symboliques ou de sujets commémoratifs.
Dans le registre symbolique, on relève que la figure de l’Empereur est associée, en bas et en haut, aux célèbres décorations allemandes, l’ordre « Pour le mérite » et la Croix de fer de 2e classe. Le portrait est également flanqué de la Reichskriegsflagge (drapeau de guerre de l’Empire allemand), et de la Gösch der Kriegsschiffe (pavillon de la marine de guerre impériale). Deux autres motifs, le blason de l’aigle impérial et la grenade, sont répétés dans la bordure.
Les autres sujets sont davantage commémoratifs : Dans le coin haut, à gauche, on peut voir l’épisode de la destruction du fort de Loncin (Loucin) à Liège (Lüttich) par les mortiers Dicke Bertha, le 15 août 1914. Á droite est décrite l’avancée des troupes allemandes en Belgique, malgré le dynamitage du Pont de Jambes (Namur) par le 4e bataillon de génie belge le 23 août 1914. On relève également la présence du Zeppelin, qui peut s’expliquer par la proximité d’une base de dirigeables destinés à bombarder Paris. Les coins du bas de la composition sont occupés par les représentations de la flotte allemande : Le SS Königin Luise, un ferry à vapeur réquisitionné par la marine impériale comme poseur de mines auxiliaire, et le croiseur de bataille SMS Goeben qui a tiré les premiers coups de canons de la guerre le 4 août 1914 sur Philippeville en Algérie (et non pas Alger comme indiqué sur le mouchoir).
Bien que de valeur militaire relative, les évènements historiques représentés sur le mouchoir datent tous du premier mois de la guerre. On peut supposer, bien qu’il n’ait pas de marque d’imprimeur, qu’il fut produit à l’automne 1914.
Loïc Beck