Position éminemment stratégique, le promontoire naturel du Hartmannswillerkopf (dit Vieil-Armand), situé dans le sud de l’Alsace et qui permettait de dominer la plaine et de contrôler les voies de communication, a été le théâtre de violents conflits l’année 1915. Successivement pris par les armées allemande et française, près de 30.000 hommes y ont péri, avant que ne se déplace la zone de conflit. Classé au titre des quatre monuments nationaux de la Grande Guerre en 1921, on y envisage un mémorial dont la réalisation est confiée à l’architecte Robert Danis et qui sera inauguré en 1932. L’édifice est constitué d’une crypte abritant trois chapelles (catholique, protestante et israélite), auxquelles on accède par une entrée monumentale flanquée de cariatides d’Antoine Bourdelle. Un « autel de la patrie » orné des blasons des grandes villes engagées dans le conflit, coiffe le monticule pour dominer la vallée. Cet ensemble, marqué par le néo-classicisme moderniste des années 1930, révèle un dispositif étonnant : à la fois monumental et invisible.