Fondé par Georg Hirth à Munich en 1896, l’hebdomadaire Jugend, qui devait donner son nom au courant du Jugendstil, avait assuré, avec le Simplicissimus d’Albert Langen et Theo Heine, le renouveau culturel et artistique de l’Allemagne Impériale au tournant du siècle. Les différentes composantes de la revue, tiraillée entre les tenants d’une certaine tradition des arts décoratifs munichois, les satiristes et les représentants d’un modernisme assumé, allaient s’unifier au moment de la Première Guerre mondiale, pour adhérer au discours nationaliste dominant.
L’artiste munichois Max Feldbauer en a été l’un des contributeurs réguliers, livrant de très nombreux dessins ou reproductions de peintures durant toute la période de sa parution. Satisfaisant aux exigences du discours de guerre, son naturalisme traditionnaliste lui a valu d’être régulièrement sollicité. Pour cette couverture réalisée au moment de la mobilisation au début du conflit, il représente sous une forme monumentale, la croix de fer dessinée par Schinkel, comme la promesse d’une victoire certaine aux engagés remplissant les trains pour rejoindre le front occidental.