Artiste d’origine strasbourgeoise, René Beeh se forme à l’Académie de Munich avant de partir, en 1910, pour des voyages d’études en Afrique du Nord, en Italie et en Provence.
A l’approche de la Première Guerre mondiale, son œuvre est le produit d’une synthèse étonnante entre un réalisme populaire qui lui avait été enseigné lors de ses années de formation à Munich, le modèle du romantisme français, qu’il avait pu aborder par la voie de l’orientalisme à l’occasion d’un voyage en Algérie, et la leçon de Cézanne. Enrôlé comme arpenteur en Belgique et dans le Nord de la France, il fait l’expérience du front, qu’il décrit comme un brutal retour à la réalité. De ces heures sombres, il rapporte plusieurs dessins, dont certains sont reproduits dans la revue munichoise Zeit-Echo.
Il laisse également un ensemble de dessins réalisés au front, documentant la vie des soldats dans les premières lignes. Ici une tranchée traversée par une passerelle rudimentaire ouvre sur la perspective d’un paysage dévasté. On y lit a physionomie caractéristique du front, avec ses collines accidentées, ses amas de terre retournée et ses arbres calcinés.