Pourfendeur de l’ordre ancien, de la méritocratie militaire et de la bourgeoisie qui s’était enrichie avec la guerre, George Grosz avait dressé le portrait cinglant d’une République de Weimar instable et corrompue. Le souvenir de la guerre y est également omniprésent, à travers les figures de mutilés et de mendiants, de veuves et d’orphelins, mais aussi de vétérans grotesques qui envahissent les rues des grandes villes. Dans ce dessin publié une première fois en 1919 dans la revue satirique Die Pleite, il renvoyait très directement à une situation du conflit en ironisant sur le diagnostic sommaire de médecins recruteurs chargés d’envoyer les jeunes hommes jugés valides au front. C’est ici un corps décharné et calciné qui est déclaré apte à la guerre par quelques officiers excessivement médaillés.