Le monument aux morts de Gentioux dans la Creuse, présente la spécificité, avec quelques autres édifices tumulaires français, d’afficher un propos lisiblement pacifiste.
Si le sentiment de deuil national qui avait suivi un conflit incroyablement meurtrier avait pu susciter l’apparition d’une certaine martyrologie, il ne produisait qu’exceptionnellement un discours aussi clairement anti-guerrier. Ce dernier apparaissait en contradiction avec l’injonction de la loi du 25 octobre 1919 à « glorifier les héros morts pour la patrie ». D’une forme générale relativement convenue, un obélisque en granit posé sur un socle, il présente pour seule spécificité l’adjonction d’une figure d’écolier en sarrau dressant le poing vers l’inscription de la stèle : « maudite soit la guerre ». Voulu par le maire SFIO de Gentioux, Jules Coutaud, lui-même gazé pendant le conflit, et réalisé par des artisans locaux, le monument n’a pas été reconnu par l’autorité militaire. Il révèle d’autant plus ce qui constitue la caractéristique de ce genre : son inscription intime dans la réalité anthropologique de chaque commune, bien davantage que comme réponse à une commande ou une injonction officielle.